Santa Teresa de Calcutá

« Madre Teresa »

Née en 1910 – morte le 5 septembre 1997.

De son nom civil Anjezë (Agnès) Gonxhe Bojaxhiu et en religion Teresa, canonisée par l’Église comme sainte Teresa de Calcutta, ‘Madre Teresa’ est une religieuse catholique albanaise naturalisée indienne, missionnaire en Inde, prix Nobel de la paix en 1979.

Née le 26 août 1910 à Üsküb, à l’epoque intégrée dans l’Empire ottoman (actuellement Skopje en Macédoine du Nord) et morte le 5 septembre 1997 à Calcutta (Inde), elle est surtout connue pour son action personnelle caritative et la fondation d’une congrégation religieuse, les Missionnaires de la Charité qui l’accompagnent et suivent son exemple.

Elle est béatifiée le 19 octobre 2003, à Rome, par le pape Saint Jean-Paul II et canonisée le 4 septembre 2016 par le pape François.

D’abord religieuse de l’ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame de Lorette, elle quitte cette communauté en 1949 pour « suivre son appel (vocation)», puis fonder sa propre congrégation en 1950. Son œuvre auprès des plus démunis commence par l’éducation des enfants des rues et l’ouverture du mouroir de Kalighat (Nirmal Hriday) à Calcutta. Pendant plus de 40 ans, elle consacre sa vie aux pauvres, aux malades, aux laissés pour compte et aux mourants, d’abord en Inde puis dans d’autres pays, et elle guide le développement des Missionnaires de la Charité. Au moment de sa mort, ceux-ci s’occupent de 610 missions, dans 123 pays, incluant des soupes populaires, des centres d’aide familiale, des orphelinats, des écoles, des hospices et des maisons d’accueil pour les personnes atteintes de maladies comme la lèpre, le sida (HIV) ou la tuberculose.

Vocation à devenir servantes des pauvres plus pauvres. Le 10 septembre 1946, au cours d’un voyage en train de Calcutta à Darjeeling où a lieu la retraite annuelle de sa communauté, elle reçoit ce qu’elle appelle « l’appel dans l’appel »Pendant qu’elle essaye de dormir : « Soudain, j’entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment ». Mère Teresa parle de cette journée comme étant le « jour de l’inspiration ». Elle ajoute que cette expérience est celle de l’amour de Dieu, qui veut aimer mais aussi être aimé. Elle exprime cette expérience beaucoup plus tard dans une lettre en 1993 revenant sur cette expérience du 10 septembre, en affirmant que Dieu a soif de nous : « Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci : “J’ai Soif” est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui »E.

Le 8 août 1948 elle reçoit la réponse à demande de pouvoir sortir de sa congrégation et commencer une nouvelle étape : le Vénérable Servant de Dieu, le pape Pie XII lui accorde la permission de vivre hors d’une communauté de son Ordre.

Elle décide alors de donner des cours dans la rue aux enfants dès le 21 décembre 1948 ; dix jours plus tard ils sont déjà plus de 50 enfants. Elle cherche à louer un local ; elle distribue des savons et en explique l’usage. Elle ouvre dans un autre bidonville de Tiljana une nouvelle école. Elle tente de soigner les pauvres qu’elle rencontre. Certains critiquent la nouvelle vie de Mère Teresa, la trouvant inefficace et utopiste.

En janvier 1949, elle recherche à vivre au plus près des pauvres, et ne veut plus vivre avec l’aide des Petites sœurs des pauvres ; elle décide donc de chercher un nouveau lieu et grâce à l’aide du père Van Exem, elle est accueillie au dernier étage d’une maison de Portugais. Sa vie s’organise entre les temps de prière, l’enseignement aux enfants et les soins aux mourants. Elle reçoit l’aide ponctuelle de laïcs et mendie dans des pharmacies les médicaments qu’elle ne peut payer.

Le 15 mars 1949, Mère Teresa reçoit la visite d’une de ses anciennes élèves, qui lui demande de pouvoir la suivre. Mère Teresa la renvoie en lui demandant de mûrir son choix. Quelques mois plus tard cette même jeune femme revient en sari et lui demande de l’accepter. Quelques jours après elle est suivie par deux autres anciennes élèves.

Très vite plus de dix jeunes filles décident de suivre Mère Teresa. Elle oblige ses anciennes élèves à achever leurs études supérieures. Au printemps 1950, le Père Van Exem demande à Mère Teresa d’écrire une règle religieuse. Elle écrit la règle en une nuit et décide de choisir le nom de missionnaire de la Charité. Elle choisit ce nom de charité (agapé en grec) : amour qui vient de Dieu, Mère Teresa voulant répandre l’amour qui vient de Dieu. Mgr. Ferdinand Perier, l’évêque local, inaugure la nouvelle congrégation le 7 octobre 1950.

Elles adoptent l’habit du sari comme habit religieux pour se fondre parmi les populations indiennes. Des parents de plusieurs religieuses ayant fait remarquer que le sari avec une bande bleue était également porté par les femmes pauvres qui balayaient les rues de Calcutta, la congrégation adopte officiellement le sari blanc bordé de trois bandes bleues en mai 1960. Le blanc et le bleu sont les traditionnelles couleurs mariales (= attribuées à Notre Dame); le fond étant blanc comme symbole de pureté. Les trois bandes symbolisent les vœux de la communauté : pauvreté, obéissance, et pour la troisième bande, la plus large, chasteté et service des plus pauvres d’entre les pauvres.f

Mère Teresa voit un mourant, et décide de l’emmener à l’hôpital, mais l’établissement refuse de le prendre en charge ; et l’agonisant meurt sans avoir été accueilli. Mère Teresa décide alors de s’occuper des mourants et demande un lieu à la mairie de Calcutta, qui lui offre un local à Kaligat proche du temple à la déesse hindoue Kâlî (l’hindouisme est une réligion politeíste). Elle appelle la maison « Nirmal Hriday », « Maison au cœur pur – Foyer pour mourants abandonnés »2. Les Sœurs amènent les mourants les plus pauvres et abandonnés et les soignent avec des moyens rudimentaires.

Cependant l’installation de religieuses catholiques proche d’un temple hindou est vue d’un mauvais œil par les hindous. Une émeute éclate et les Sœurs doivent leur survie à la protection de la police. Un des opposants, victime de la tuberculose, est rejeté par ses proches, car intouchable (catégorie d’être humain inférieur, selon les croyances de la société indienne hindouiste), et il est recueilli quelques mois plus tard chez les sœurs missionnaires. Son opinion sur Mère Teresa change, il voit en elle un avatar de la déesse Kâlî, ce qui conduit à établir des relations de fraternité entre les hindous et Mère Teresa.

Deux ans après la fondation, Mère Teresa achète une maison, vendue à prix dérisoire par un musulman, pour y établir les Sœurs. Mère Teresa exige des Sœurs une pauvreté des lieux, qu’elle justifie : « Comment puis-je regarder les pauvres en face, comment puis-je leur dire « je vous aime et je vous comprends » si je ne vis pas comme eux ? ». De même elle refuse l’aide économique du Saint Siège.

La vie est organisée avec des temps de prière le matin et le soir, et la journée au service des pauvres. Mère Teresa affirme que la « prière est la respiration de l’âme. Sans la force que nous recevons de la prière, notre vie serait impossible. ». Elle explique le lien entre la prière et l’action des sœurs missionnaires de la Charité, voyant dans chaque pauvre la présence de Dieu : « Jésus veut rassasier sa propre faim de notre amour en se cachant derrière les traits de l’affamé, du lépreux, du mourant abandonné. C’est pourquoi nous ne sommes pas des assistantes sociales mais des contemplatives au cœur même du monde. Nos vies sont consacrées à l’eucharistie par le contact avec le Christ, caché sous les espèces du pain et du corps souffrant des pauvres ».

Un jour Mère Teresa aperçoit un enfant abandonné en train d’être mangé par un chien dans la rue ; elle recueille l’enfant qui meurt quelque temps après. Mère Teresa décide alors de créer un orphelinat. Le nouveau centre ouvre ses portes le 24/11/1955 ; elle y recueille les enfants abandonnés et les propose à l’adoption. Elle ouvre quelque temps après un centre spécialisé pour les enfants qui ne sont pas adoptés, du fait de la croyance au mauvais karma et de la marginalisation des intouchables.

Dans le même temps Mère Teresa apprend qu’une amie Belge Jacqueline de Decker qui devait la rejoindre en Inde, ne le pourra pas, à cause d’opérations graves au dos. Mère Teresa lui demande alors de devenir sa sœur spirituelle, lui demandant de partager « nos mérites, nos prières et notre travail par vos souffrances et vos prières ». Mère Teresa croit que par la souffrance unie au Christ Notre Seigneur, celle-ci peut acquérir une valeur positive. Jacqueline devient la première des coopérateurs souffrants, ensemble de personnes malades qui s’unissent dans la prière aux Missionnaires de la Charité.

Entre 1948 et 1957, Mère Teresa et les premières Sœurs s’occupent des lépreux qu’elles rencontrent, mais sans que ce soit pour autant une priorité. C’est en 1957 qu’elle reçoit cinq personnes qui ont perdu leurs emplois à cause de la lèpre (maladie très contagieuse qui affecte la peau), du fait de la croyance au mauvais karma, qui conduit à exclure les lépreux de la société (comme au temps de Jésus).

Mère Teresa cherche alors à ouvrir un centre pour les lépreux, mais les Sœurs sont accueillies par des jets de pierre. Mère Teresa décide donc d’envoyer des ambulances pour soigner les lépreux. Ce moyen ambulant permet ainsi de soigner les lépreux en les rejoignant. Elle appuie alors la journée contre la lèpre de Raoul Follereau, « défenseur » des Lépreux au 20ème siècle).

Un peu partout dans le monde, les Sœurs Missionnaires de la Charité s’installent. Pas seulement dans les pays plus pauvres mais aussi dans les pays plus développés. Même dans les sociétés plus riches il y a des pauvres et des personnes abandonnés à leur sort.

Elle reçoit, au-delà des critiques pour son action, des prix prestigieux : En 1971, Mère Teresa reçoit le prix « Pape Jean XXIII » des mains du pape Saint Paul VI, ce qui marque le début de la reconnaissance mondiale de son œuvre. En 1978, elle reçoit le prix Balzan pour l’humanité, la paix et la fraternité entre les peuples, « pour l’abnégation exceptionnelle avec laquelle elle s’est dévouée toute sa vie, en Inde et dans d’autres pays du tiers-monde, afin de secourir les innombrables victimes de la faim, de la misère et des maladies, les laissés pour compte et les mourants, transformant sans relâche en action son amour pour l’humanité souffrante ». En plus de ses nombreuses médailles, Mère Teresa est docteur honoris causa de plusieurs universités.

Le 17 octobre 1979, Mère Teresa reçoit le prix Nobel de la paix qu’elle accepte « au nom des pauvres ». La petite religieuse ne trahit pas ses propres convictions lors de son discours, en dénonçant l’avortement : « De nos jours, nous tuons des millions d’enfants à naître, et nous ne disons rien. Prions tous pour avoir le courage de défendre l’enfant à naître et pour donner à l’enfant la possibilité d’aimer et d’être aimé. »

Pour Mère Teresa, la prière n’est pas du temps pris sur le service des pauvres, mais bien une partie essentielle de celui-ci : « plus nous recevons dans la prière silencieuse, plus nous pouvons donner. »  Le pape émérite Benoît XVI a mis en avant la vie de Mère Teresa comme un exemple de cette articulation de la prière et de la charité au cœur de son encyclique Deus Caritas est :

« La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable. »

Malgré sa souffrance physique et psychologique et la pauvreté qui l’entoure, Mère Teresa défend toute sa vie durant la réalité du bonheur terrestre accessible par la simplicité. En s’appuyant sur son expérience et celle des hommes et des femmes qui l’ont suivie, Mère Teresa trace un chemin tout simple vers le vrai bonheur, qu’elle résume dans son dernier ouvrage Un chemin tout simple publié de son vivant en 1995.

Ce chemin se résume en cinq lignes, qu’elle imprime sur des petits cartons jaunes qu’elle distribue à ses visiteurs :

Le fruit du silence est la prière.

Le fruit de la prière est la foi.

Le fruit de la foi est l’amour.

Le fruit de l’amour est le service.

Le fruit du service est la paix.

Mère Teresa, Un chemin tout simple

Mère Teresa fait une distinction entre la pauvreté librement choisie des religieux, qui est un signe, et la misère imposée, qui est le résultat de la pauvreté. Pour elle, « c’est le résultat de notre refus de partager. Dieu n’a pas créé la pauvreté, il nous a seulement créés, nous ».

De même, elle distingue d’une part les souffrances imposées par la maladie et la misère, souffrances des personnes recueillies avec lesquelles les missionnaires de la Charité partagent l’Amour et la Compassion de Dieu : « Dieu aime encore le monde et Il nous envoie vous et moi pour être Son amour et Sa compassion auprès des pauvres » ; d’autre part, elle insiste sur l’exigence de l’amour vrai, un amour qui va jusqu’au bout du don de soi : « Comme Dieu aimait le monde, Il a donné son Fils ; Jésus aimait le monde, Il a donné sa vie et il a dit “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”, donc si nous nous aimons vraiment les uns les autres, nous devons nous aimer jusqu’à en souffrir… Parce que l’amour vrai fait souffrir. »

Mais quelle que soit l’origine de la souffrance, elle rappelait à chacun qu’il n’était pas seul dans ses souffrances mais en union avec Jésus crucifié : « un signe que vous êtes si près de Jésus qu’il peut vous embrasser »

Désireuse de partager sa conviction que Dieu est amour, et consciente que les sermons ne suffisent pas à en convaincre ceux qui sont dans la misère, elle insiste que l’amour est exigeant. « Un amour vrai doit faire mal », selon elle, car il est à l’image de l’amour de Dieu, s’il est vrai que Dieu lui-même a souffert en aimant les hommes, car il a dû laisser son Fils, Jésus Christ, mourir sur une croix. En ce sens, la souffrance devient, pour elle, une expression de l’Amour de Dieu.

Ne traitons-nous pas quelquefois les pauvres comme des poubelles où nous jetons tout ce que nous ne mangeons pas ou dont nous n’avons plus besoin ?

Mère Teresa, Discours à l’occasion de la remise du Prix Templeton

Elle est béatifiée en octobre 2003 par Jean-Paul II et canonisée le 4 septembre 2016 par le pape François.

Sa fête liturgique est célébrée le 5 septembre.