Sainte Geneviève

(née à Nanterre vers 420, morte à Paris vers 500)

Elle est une sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes.

La source unique de renseignements historiques sur ce personnage est la Vita (Vie ou Vida) de Geneviève, un texte hagiographique que l’auteur anonyme, vers 520, ce qui en fait un des très rares monuments littéraires du vie siècle en Gaule. Cette hagiographie empreinte de merveilleux et qui ne contient aucune chronologie est réalisée, très probablement par un clerc de l’Église de Paris, 18 ans après la mort de la sainte. Il a rassemblé tout ce qu’il savait d’elle par des témoins directs encore vivants.

L’abbé Saint-Yves, dans sa Vie de sainte Geneviève, donne une origine celtique au nom de Geneviève (Genovefa). selon lui en gallois, genoeth veut dire « jeune fille ».

Les historiens ont maintes fois débattu des origines sociales de la sainte. Les biographes Dom Jacques Dubois et Laure Beaumont-Maillet ont tranché le débat : Geneviève, issue d’une riche famille de l’aristocratie gallo-romaine, est la fille unique de Severus (nom latin signifiant « austère »), probablement un Franc romanisé qui après une carrière d’officier, a exercé la fonction de régisseur de terres de l’Empire de Rome, et de Geroncia.

Elle aurait hérité, en tant que fille unique, la charge de membre du conseil municipal (curia) détenue par son père, charge qu’elle aurait exercée tout d’abord à Nanterre, puis à Paris (faisant partie des dix principales (« principaux ») constituant l’aristocratie municipale) après son installation dans cette ville chez une « marraine » influente.

Baptisée, elle se voue très jeune à Dieu et, selon la tradition, est remarquée par saint Germain d’Auxerre et saint Loup de Troyes, qui passent par Nanterre vers 430 (légende à l’origine de l’église Saint-Germain-de-Charonne, à Paris), à l’occasion de leur voyage vers la province romaine de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle)

. Elle mène une vie consacrée et ascétique, probablement dès ses seize ans. Selon la Vita sanctae Genovefae, à l’âge de 18 ou 20 ans, elle reçoit à Paris le voile des vierges des mains de l’évêque Wllicus, prélat inconnu des historiens. À la mort de ses parents vers 440, elle quitte Nanterre et vient s’établir chez sa marraine Procula en plein Paris, dans l’île de la Cité.

Selon la tradition, lors du siège de Lutèce (Paris) par les Huns, en 451, grâce à sa force de caractère, Geneviève, qui n’a que 28 ans, convainc les habitants de Paris de ne pas abandonner leur cité aux Huns. Elle encourage les Parisiens à résister à l’invasion par les paroles célèbres :

« Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. »

De fait, Attila évita Lutèce (Paris).

Une autre hypothèse controversée prétend qu’elle aurait averti l’envahisseur d’une épidémie de choléra sévissant dans la région, en provoquant un détour des Huns. Enfin, par ses liens avec les Francs, intégrés au dispositif romain, elle aurait pu savoir qu’Attila voulait s’attaquer d’abord aux Wisigoths en Aquitaine, et ne voulait sans doute pas perdre du temps devant Paris. Dans tous les cas, le plus important était d’empêcher les Parisiens de risquer leur vie en fuyant.

En 465, elle s’oppose à Childéric Ier (roi des Francs saliens, le premier roi de la dynastie des Mérovingiens), qui entreprend le siège de Paris, en parvenant à ravitailler plusieurs fois la ville avec du blé de la Brie et de Champagne, forçant alors le blocus.

Sainte Genviève fait bâtir une chapelle sur l’emplacement du tombeau de saint Denis, premier évêque de Lutèce.

Elle convainc également le roi Clovis, dont elle a toujours été une partisane, de faire ériger une église dédiée aux saints Pierre et Paul sur le mons Lucotitius (qui porte aujourd’hui le nom de mont Sainte-Geneviève), dans l’actuel Ve arrondissement de Paris, au cœur du Quartier latin.

Si l’historiographie récente avance une date de mort le 3 janvier 502, la tradition préfère celle du 3 janvier 512. Selon la Vita, elle meurt à l’âge de 89 ans dans l’ermitage de Paris, et est enterrée dans cette même église aux côtés de Clovis et rejointe plus tard par la reine Clotilde, ses plus célèbres disciples. L’église est d’abord confiée à des bénédictins, puis à des chanoines séculiers : c’est l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris, dont le clocher est encore visible dans l’enceinte du lycée Henri-IV (ce clocher est connu sous le nom de « tour Clovis »).

Sa fête liturgique est célébrée le 3 janvier.